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Les étiquettes des correcteurs azotés à la loupe

Décryptage.Christophe Rousseau, vétérinaire, apporte des clés de lecture pour mieux comprendre les informations contenues sur les étiquettes des correcteurs azotés composés­ du commerce.

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L’étiquetage des aliments composés, bien que réglementé (CE n° 767/2009), est difficile à appréhender. Le taux d’incorporation des différentes matières premières n’est pas obligatoire et donc rarement présent. « Ainsi, deux correcteurs peuvent avoir la même valeur MAT, mais des compositions variables et donc un comportement dans le rumen différent », souligne Christophe Rousseau, vétérinaire dans le Maine-et-Loire, président de la commission vaches laitières de la SNGTV. En théorie, la formule précise est accessible auprès du fournisseur, mais l’étiquette apporte des informations visant à caractériser un correcteur pour savoir s’il est adapté à la ration de base.

Les derniers ingrédients de la liste à l’état de trace

Dans la rubrique « ingrédients », les matières premières sont classées par ordre d’importance décroissant. « Il faut retenir que les trois premiers ingrédients de la liste pèsent en général à eux seuls 80 % de la formule, dont souvent 45 à 50 % pour le premier. Puis cela descend vite autour de 3 à 10 % pour les ingrédients en milieu de liste. Les derniers sont à l’état de trace, surtout quand la liste comprend dix ingrédients ou plus », explique Christian Rousseau.

Dans la rubrique « constituants analytiques », la composition chimique doit toujours être présente (en %) : les matières grasses brutes (MG), la cellulose brute (CB), les cendres ou matières minérales, les protéines brutes (PB) ou MAT. « Au-dessus de 40 % de PB, il s’agit bien d’un correcteur azoté. Ensuite, pour mieux appréhender sa valeur nutritionnelle, il faut se demander si les protéines sont plutôt solubles ou tannées et quelle est leur qualité, c’est-à-dire la part d’urée et de tourteau de soja ou de colza dans la formule. »

Le tannage : l’indication « matières premières protégées de la dégradation ruminale par l’action de formaldéhyde » est sans équivoque, mais de plus en plus rare en raison de la désaffection pour le traitement au formol. La mention « tourteau protégé contre la dégradation ruminale » est également claire. Mais il faut souvent se reporter à la fin de la liste des ingrédients pour trouver l’indication d’un potentiel tannage via les indications « huiles essentielles », « tannins de châtaignier », ou « substances aromatiques ». « Parfois, l’information se résume à la formule “contient du folium de protéines”. Mais ces données n’apportent pas une information précise sur le niveau de tannage. Pour le connaître, il faut réclamer les valeurs PDIE et PDIA. »

Le tourteau tanné se caractérise par un écart PDIN-PDIE inférieur à 30 g/kg, un taux de PDIA supérieur à 70 % et l’absence d’urée. C’est le correcteur le plus cher. En faible quantité, il est destiné aux rations déjà riches en azote soluble (100 % herbe), aux débuts de lactation ou aux très fortes productrices : « Il constitue alors une source d’acides aminés indispensables, dont certains sont précurseurs de glucose (néoglucogenèse hépatique). Cela permet d’éviter l’apport d’amidon en excès, en phase de déséquilibre énergétique. »

L’urée : 1 % d’urée dans un aliment correspond à trois points de matière azotée totale ! C’est le moyen le moins cher de renforcer la MAT, avec une source d’azote non protéique. Transformée rapidement en NH3 dans la panse, l’urée a un effet flash intéressant en complément d’une ration riche en énergie fermentescible.

Un correcteur est considéré comme soluble au-delà d’une teneur en urée supérieure à 3 %, avec un écart PDIN-PDIE supérieur à 90 g/kg de matière sèche et une valeur PDIA inférieure à 150 g/kg. Il est destiné à corriger les rations riches en énergie rapidement fermentescible, par exemple avec un maïs pas trop sec ou de la betterave. Un correcteur est considéré comme semi-soluble entre 1 et 2 % d’urée, avec une valeur PDIA proche de 200 g et un écart PDIN-PDIE de 70 à 80 g/kg de matière sèche. Il correspond alors à des rations moins déficitaires en azote soluble, de type mixte maïs + herbe, ou à la complémentation au robot de traite. « Seule une vérification auprès du fournisseur permettra d’obtenir les valeurs nutritionnelles et la composition réelle des produits pour faire un choix raisonné. »

Jérôme Pezon

© Sébastien Champion - Ration. Un correcteur avec une forte proportion d’urée, moins cher, est adapté aux rations riches en sucre soluble, par exemple un maïs pas trop sec.

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